Le marché des compléments alimentaires pour sportifs connaît un essor fulgurant en France, notamment dans le Gers, où les jeunes athlètes en quête de performances sont de plus en plus nombreux à y recourir. Cependant, cette tendance n’est pas sans danger. Le 17 juillet dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a de nouveau lancé un avertissement sévère concernant les risques associés à ces produits. Cet article explore les raisons de cet engouement et les dangers potentiels pour la santé, soulignés par l’Anses.
Un Engouement Croissant chez les Jeunes Sportifs
Dans les salles de sport et les pharmacies d’Auch, les compléments alimentaires se vendent « comme des petits pains ». Maxime, un jeune Auscitain de 20 ans passionné de calisthénie, témoigne de son expérience avec ces produits. « Je vais me faire un shaker, je n’ai pas assez mangé aujourd’hui, » confie-t-il après une séance d’entraînement. Maxime s’entraîne quatre à cinq fois par semaine et ressent le besoin d’un apport protéique régulier pour optimiser la récupération musculaire. « Avant, je prenais des compléments alimentaires très souvent pour l’hypertrophie, » explique-t-il, soulignant qu’il consommait ces produits « tous les deux jours voire tous les jours. »
L’objectif principal de ces jeunes sportifs est souvent l’augmentation de la masse musculaire. Cependant, selon l’Anses, cette croyance en l’efficacité des compléments alimentaires est souvent « non fondée » et peut mener à une consommation excessive et dangereuse. Malgré les avertissements, la demande ne cesse de croître, alimentée par l’image d’un corps musclé et performant véhiculée par les réseaux sociaux et la culture populaire.
Les Dangers Pointés par l’Anses
L’alerte de l’Anses du 17 juillet dernier n’est pas la première du genre. Depuis 2016, l’agence a recensé 154 nouveaux cas d’effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires pour sportifs, dont 18 cas jugés très graves. Parmi ces incidents, « deux décès sont survenus et quatre personnes ont vu leur pronostic vital menacé » entre 2016 et février 2024, précise l’agence sanitaire.
Les effets indésirables les plus fréquents incluent des problèmes cardiovasculaires tels que la tachycardie, les palpitations, et dans les cas les plus graves, l’arrêt cardiaque. D’autres symptômes rapportés incluent des malaises, de la fatigue, de la fièvre, des vertiges, ainsi que des troubles digestifs et neurologiques, tels que des accidents vasculaires cérébraux. Ces risques sont exacerbés par la consommation simultanée de plusieurs compléments alimentaires, une pratique courante chez certains sportifs en quête de résultats rapides.
Maxime, bien qu’il n’ait pas personnellement souffert de ces effets, reconnaît avoir réduit sa consommation après avoir pris conscience des risques potentiels. « Je n’en prends plus que deux fois par semaine. Je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin de ça parce que mon objectif n’est plus de construire du muscle mais plutôt de performer, » admet-il. Son témoignage met en lumière un point crucial : la nécessité de consommer ces produits avec modération et sous la supervision d’un professionnel de santé.
Une Consommation en Expansion Malgrè les Risques
Malgré les mises en garde, les compléments alimentaires continuent de séduire un large public. Dans une pharmacie d’Auch, la demande est telle que le stock doit être renouvelé « tous les deux à trois mois minimum, » explique une pharmacienne. « On a une salle juste à côté, la demande va continuer d’augmenter, » prédit-elle, en référence à une salle de sport voisine. Les profils des consommateurs sont variés, allant des jeunes cherchant à prendre du muscle à ceux souhaitant perdre du poids.
L’Anses souligne que ces compléments alimentaires sont souvent vendus non seulement en pharmacie, mais aussi en ligne et directement dans les salles de sport, ce qui contribue à leur accessibilité et à leur popularité. Cependant, l’agence met en garde contre l’achat de ces produits sur des plateformes en ligne non contrôlées, où les risques de contrefaçon et de mauvaise qualité sont élevés.
L’Anses recommande fortement de consulter un professionnel de santé, comme un médecin ou un diététicien du sport, avant de commencer à consommer ces produits. Un suivi médical est indispensable pour éviter les excès et identifier les éventuels effets secondaires dès leur apparition.
L’Importance d’une Information Claire et d’une Réglementation Renforcée
Le constat de l’Anses est clair : les compléments alimentaires pour sportifs ne sont pas sans danger, et leur consommation doit être strictement encadrée. Pourtant, l’information sur les risques reste souvent insuffisante, voire absente, tant sur les emballages des produits que dans les conseils donnés par certains vendeurs.
Il est donc crucial que les autorités sanitaires renforcent les campagnes d’information à destination du grand public, mais aussi des professionnels de santé et des entraîneurs sportifs. Une réglementation plus stricte sur la vente de ces produits, en particulier sur internet, pourrait également contribuer à réduire les risques liés à une consommation excessive ou inappropriée.
La Vigilance Reste de Mise
L’engouement pour les compléments alimentaires parmi les sportifs, en particulier les jeunes, est un phénomène en pleine expansion. Cependant, les risques associés à leur consommation ne doivent pas être sous-estimés. L’alerte réitérée par l’Anses le 17 juillet 2024 rappelle l’importance de la prudence et de l’encadrement médical dans l’usage de ces produits.
Alors que le marché des compléments alimentaires continue de croître, il est essentiel que les consommateurs soient mieux informés des dangers potentiels et qu’ils adoptent une approche responsable et modérée. La santé doit rester une priorité, et aucun produit ne peut remplacer une alimentation équilibrée et un entraînement adapté.
